1954, THE MICAELENSE YEAR
José-Louis Jacome, June 29th, 2020
Rêves et larmes
Avant les années 1950, toutes les tentatives pour permettre aux Portugais d’immigrer au Canada avaient échoué. La plus ancienne et documentée, une initiative de la Fabre Line, date de 1923. (1) Dans les années 1950, quand le Canada a ouvert ses portes à l’immigration portugaise, ces derniers ont sauté sur l’opportunité. La situation économique était difficile sur le continent mais encore plus précaire aux Açores. La vie dans l’archipel était une bataille de survie quotidienne. La situation n’était pas nouvelle. Depuis des décennies, les Açoriens quittaient leurs îles à la recherche d’une vie meilleure. Ils émigraient vers les pays qui leur ouvraient les portes. Ils ont quitté, entre autres, pour le Brésil, les Bermudes et les États-Unis incluant Hawaii, un autre archipel à 11 700 km. Plusieurs familles avaient des leurs à l’étranger. Elles gardaient l’espoir de les revoir. Dans plusieurs cas, elles ont perdu toute trace de leurs bien-aimés. Les communications étaient très loin de ce qu’on connait aujourd’hui. Une lettre envoyée du Canada pouvait prendre un mois avant d’être livrée au Portugal continental ou dans l’archipel des Açores.
Dans notre famille, Manuel et Maria dos Anjos, frère et soeur de mon grand père paternel, José Jacome, avaient immigré aux États-Unis en 1911 et 1912 respectivement. Ils se sont établis à Middletown dans le Rhode Island. Un autre de ses frères, Hermano, a quitté pour l’Île de Faial puis pour le Brésil. On n’a plus entendu parler de lui. En 1917, du côté de ma mère, Belmira and Marianna, deux de ses tantes, ont aussi immigré aux États-Unis. Encore adolescentes, elles ont courageusement quitté leur petite maison de Matriz pour aller travailler à l’autre bout du monde, dans les moulins de coton de New Bedford. Elles voulaient aider leur père à nourrir la famille de 9 enfants. Autour de la table, il disait souvent : «Je ne sais pas comment nous allons survivre si quelques uns d’entre vous n’allez pas travailler à l’étranger.»
Au port de Ponta Delgada, les familles et amis viennent dire un dernier adieu à leurs bien aimés qui quittent pour le Canada, 23 avril 1954.
Photo: Museu da Emigração Açoriana
En 1952, quand les nouvelles d’une ouverture prochaine du Canada à l’immigration ont commencé à s’ébruiter, mon père a annoncé à son père qu’il voulait partir. Ce dernier fut ébranlé et a piqué une colère. Il ne voulait pas perdre un de ses deux enfants. D’une famille de 9 enfants, il était alors le seul vivant à São Miguel. Tous ses frères et sœurs étaient partis à l’étranger ou étaient morts. Mon père s’est quand même inscrit et est parti en avril 1954. Sa sœur, Deodata, l’a suivi plusieurs années plus tard!
L’article ci-contre publié dans le quotidien Diário dos Açores, le 22 mars 1954, exprime bien les émotions qui tiraillaient de nombreuses familles de São Miguel à la veille de la nouvelle grande vague d’émigration qui débutait ce jour-là. Entre le 22 mars et le 27 avril 1954, quelque 950 jeunes et courageux hommes quitteront les Açores, pour un pays inconnu, le Canada. La majorité d’entre eux sont Micaelenses, ou natifs de São Miguel. Des centaines d’autres Açoriens émigreront dans les années suivantes.
- Traduction libre de l’article par l’auteur -
Émigrants
Des centaines de bons travailleurs de São Miguel quitteront leur terre aujourd’hui pour un pays prometteur, le Canada. Ils se joindront à beaucoup d’autres qui, loin de leur pays, écriront des pages intéressantes sur la vie des immigrants portugais.
Dans tous les coins de l’île, on peut dire qu’un mélange de saudade et d’espoir s’emparera de nous dès aujourd’hui. Saudade pour ceux qui partent en espérant une vie meilleure et l’espoir qu’une meilleure étoile brillera sur la vie de ceux qui restent.
Le Micaelense a toujours été reconnu comme un bon travailleur et un citoyen responsable et respectueux. Sans aucun doute, nos émigrants confirmeront cette réputation une fois de plus. Leur avenir dépendra beaucoup de leurs actions. Ils le construiront en gagnant l’estime et l’appréciation du pays qui les accueille.
São Miguel est avec vous en ce moment d’émotions et d’espérance. À ceux qui nous quitte, nous leur souhaitons la meilleure des chances sachant que les milliers de familles qui ont envahi la ville ce matin et rempli le port Molhe Salazar pour les saluer, bénéficieront de leur sacrifice.
Aujourd’hui, autour de midi, le Gouverneur du District de Ponta Delgada a reçu les émigrants açoriens. Il les a salués avant leur départ : «Que la
About the author
Born in São Miguel and living in Montreal since 1958, I published a book in 2018 about Azorean immigration to Canada in the 1950s. “De uma ilha para outra” was published in Portuguese and French. The book and an exhibition that accompanies it were presented in Montreal, São Miguel, Toronto and Boston. The book is sold in Montreal, Toronto and São Miguel, and through my Website. I continue to publish information and stories relating to the first big wave of Azorean and Portuguese immigration to Canada in the 1950s through my Website jljacome.com and my Facebook page D’une île à l’autre.
meilleure des chances vous accompagne, vous tous humbles travailleurs déchirés par ce départ mais remplis d’espoir d’une vie meilleure».
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Born in São Miguel and living in Montreal since 1958, I published a book in 2018 about Azorean immigration to Canada in the 1950s. “De uma ilha para outra” was published in Portuguese and French. The book and an exhibition that accompanies it were presented in Montreal, São Miguel, Toronto and Boston. The book is sold in Montreal, Toronto and São Miguel, and through my Website. I continue to publish information and stories relating to the first big wave of Azorean and Portuguese immigration to Canada in the 1950s through my Website jljacome.com and my Facebook page D’une île à l’autre.
JLJ-T-004, 29-06-2020, 1954, The Micaelense Year (text, references and author notes; 355 words)